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07/07/2014

Synode sur la famille : un message pour tous ?

Vatican, 5-19 octobre : synode des évêques sur "les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation". En marge de son document préparatoire, quelques réflexions :


Je citais hier l'abbé Le Pivain, curé de la cathédrale d'Angers : ''Nos contemporains ont hâte que l'Eglise, dans un langage facilement audible, leur indique l'Agneau de Dieu, sur un mode prophétique et décomplexé dont notre pape François offre une vivante réalisation...'' C'est l'idée qui vient en parcourant les quelques 150 paragraphes du document préparatoire du synode. Nos contemporains ont-ils ''hâte'' que l'Eglise leur indique la voie ? ''Non, ripostent les conformistes : ils n'attendent rien des institutions, surtout de celle-là.'' ''Pas si vite, répondent les observateurs, l'arrivée de François a changé l'atmosphère.''

Le pape argentin s'est acquis une popularité qui dépasse le circuit médiatique. Sa manière déconcertante étant simplement celle de l'Evangile, elle a ouvert des perspectives aux gens : et si le catholicisme – même en France – était autre chose qu'un système de valeurs (''dépassé'') et un micro-milieu social (''préservé'')* ?

Le sujet du synode peut aider à diffuser cette interrogation. Pour trois raisons : 1. la famille n'est pas une idée de classe ; 2. la famille – sous ses formes variables – répond à la condition humaine ; 3. en plaidant pour la famille, l'Eglise se montre ''experte en humanité''  (Paul VI 1967) à la lumière du Christ, ce qui ouvre à la nouvelle évangélisation.

Reste à savoir si le synode s'en tiendra à une approche ''interne'', centrée sur les problèmes de la pastorale familiale aujourd'hui ; ou s'il abordera aussi une approche ''externe'', ciblant toutes les causes des phénomènes qui modifient (ou défient) actuellement la vie familiale.

L'approche interne

Liés à l'émiettement individualiste de la société de marché, les problèmes ''internes'' sont considérables et ne peuvent être zappés comme le voudraient les ultras, sous peine : a) de tomber dans un pharisaïsme de clan, contraire à la mission de l'Eglise ; b) de nier les réalités sociologiques d'aujourd'hui, qui redéfinissent les voies de cette mission. Prétendre que le phénomène des familles recomposées ne touche pas tous les milieux français (y compris ceux qui se disent intacts – mais qui les croit ?), relèverait de l'hypocrisie.

Cette hypocrisie est étrangère au synode. Ainsi, au § 46, le document souligne que la paroisse catholique doit être ''le cœur d’une pastorale renouvelée, faite d’accueil et d’accompagnement, vécue dans la miséricorde et dans la tendresse''. Sur la question des unions homosexuelles, le document du Vatican dit au § 113 : ''Les réactions extrêmes à l'égard de ces unions, aussi bien d'indulgence que d'intransigeance, n'ont pas facilité le développement d'une pastorale efficace.'' Suggérons au P. Daniel-Ange de bien vouloir méditer ces lignes plutôt que de s'en prendre aux évêques.

La société de marché

De jeunes courants contestataires, pour leur part, mettent en cause la société – ou dissociété de marché dont l'impact sur la famille est déterminant, dans la mesure où cette société rend la survie économique de l'individu incompatible avec l'ancrage dans des responsabilités durables. Cet impact explique en dernière instance les développements actuels ; refuser de le voir, préférer rabâcher les slogans du progressisme catho des années 1970 (rejet des ''dogmes'' etc), c'est patauger dans un aveuglement qui est le symétrique inverse de celui des ultras. Pas si inverse que ça, d'ailleurs : les uns comme les autres défendent le système économique. On constate, dans les milieux se disant progressistes, une connivence avec le rayon ''nouvelles moeurs'' de l'ultralibéralisme – et même avec l'emprise du marketing de l'industrie biotech sur la vie intime des personnes... Invoquer ''la science'' pour excuser ce marketing est une esquive : elle caractérise un certain centre-gauche catho, rallié à la société de marché depuis les années 1980 et qui fait désormais figure de vestige – aux antipodes des jeunes courants contestataires. Pour situer ces jeunes courants on doit lire le livre de Gaultier Bès ; j'espère que plusieurs de nos évêques l'auront en poche quand ils prendront l'avion de Rome.

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* Que le catholicisme se confonde avec une fraction des classes aisées est une idée française, qui ne date que d'une trentaine d'années. Cette idée n'existe ni dans l'hémisphère Sud, ni aux Etats-Unis, ni même dans certains autres pays d'Europe.

 

Commentaires

FOI DANS L'ACTION DE DIEU

> Je suis absolument d'accord avec vous: prendre en compte la réalité de ce qui est vécu chez nos contemporains. Il est évident que nous devons partir de ce qui est vécu par les hommes aujourd'hui...
Est-ce que nous allons oser leur annoncer le Christ qui s'occupe de nos réalités les plus blessées et les plus noires? Pensons-nous vraiment qu'il peut guérir les coeurs? Pensons-nous que la folie de l'évangile est accessible à tous?
Dans le monde catholique que je côtoie, on ne croit plus en la force de la grâce dans la vie de tous. Nous manquons de foi dans l'action de Dieu dans la vie de toute homme....
Je reste confiant et que ce synode nous donne des priorités claires pour éviter de s'éparpiller dans des postures ou des idéologies pharisienne et progressiste.
Dieu veut changer nos vies pour nous donner la véritable vie (là où nous en sommes)!!!
Charité et vérité
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Écrit par : elgringos777 / | 07/07/2014

Les commentaires sont fermés.